Le misothéisme ou la haine de Dieu

Bien que n’étant pas considéré comme une forme d’athéisme, j’ai pensé qu’il serait très intéressant de discuter d’un autre type de rejet du Divin. Plutôt que de rejeter l’existence de Dieu, cette perspective implique une haine de Dieu et le désir qu’Il n’existe pas. Connue sous le nom de misothéisme, venant du grec misos, signifiant haine, et theos signifiant Dieu, cette rébellion religieuse se cache dans l’obscurité. Il est temps de faire la lumière sur cette dénonciation de Dieu, qui, selon certains, est la base psychologique de certains types d’athéisme. Le professeur agrégé Bernard Schweizer a écrit un livre sur le sujet ; après avoir passé au crible un certain nombre d’œuvres littéraires d’éminents penseurs et écrivains, il conclut qu’ils semblent lutter avec l’idée d’un Dieu compatissant et miséricordieux dans un monde de mal et de souffrance. Il indique que la motivation de leur haine de Dieu est due au fait qu’ils sont “généralement motivés par des impulsions humanistes admirables”[6]. Schweizer indique que le misotheiste est émotionnellement et psychologiquement troublé. selon lui il est “tout à fait vrai que les blessés psychologiquement, émotionnellement et physiquement sont les plus susceptibles de se détourner de Dieu”[7] et qu’il n’est “nullement certain que des formes plus efficaces de prédications aideraient à éteindre les feux du misothéisme ou bloqueraient le chemin de l’athéisme”[8]. Bien que ces penseurs et écrivains représentent différents types de misothéistes, ils remettent tous en question le rôle de Dieu dans la souffrance humaine :

“La situation est différente pour le misothéiste. Pour lui, l’incompatibilité du mal répandu avec l’image d’un Dieu bienveillant est un vrai problème, et pas seulement un cas d’arguments théologiques. Les misothéistes sont de véritables accusateurs de Dieu, ils le tiennent responsable des maux aléatoires et des souffrances non méritées. Ainsi, les athées et les misothéistes en viennent à la question du rôle de Dieu dans la souffrance humaine à partir de directions opposées : l’incroyant dirait que le misotheiste fait une revendication invalide basée sur la fiction. Pour le misothéiste lui-même, précisément parce qu’il est croyant, Dieu n’est pas un bouc émissaire, mais un complice ou un instigateur du mal”.

Pour résumer le point principal du professeur, la misothéiste est motivée par une question clé : Qu’est-ce que l’humanité a fait pour mériter Dieu et tout le mal et la souffrance qu’Il laisse se produire ? D’après mon expérience, je dirais qu’un bon nombre d’athées sont en fait misothéistes. Une question à poser qui permet de dévoiler ceci est: “Si Dieu existait, l’adoreriez-vous ?”. La réponse de beaucoup d’athées que j’ai rencontrés est non, et ils citent souvent la quantité de mal et de souffrance “inutiles” et “gratuits” dans le monde. Bien que je compatisse avec leur inquiétude et leur angoisse face à la souffrance infligée à d’autres êtres sensibles, les athées et les misothéistes souffrent d’un type d’égocentrisme voilé. Cela signifie qu’ils font un effort particulier pour ne pas voir le monde sous un autre angle que celui de leurs propres yeux. Cependant, ce faisant, ils commettent une erreur émotionnelle ou spirituelle. Ils anthropomorphisent Dieu et le transforment en un homme limité. Ils supposent que Dieu doit voir les choses de la manière dont nous voyons les choses, et donc Il devrait arrêter le mal. S’il permet le mal alors il doit être interrogé et rejeté.

Comparer l’homme avec Dieu expose leur incapacité à comprendre les choses de manière holistique (complète). Le misotheiste s’exclamerait probablement à ce stade que cela signifie que l’homme a plus de compassion que Dieu. Cela souligne encore davantage leur incapacité à voir les choses au-delà de leur perspective, et révèle leur incapacité à comprendre que les actions et la volonté de Dieu sont en ligne avec une raison Divine à laquelle nous ne pouvons pas accéder. Dieu ne veut pas que le mal et la souffrance arrivent. Dieu n’empêche pas ces choses de se produire parce qu’Il voit quelque chose que nous ne voyons pas, pas parce qu’Il veut que le mal et la souffrance continuent. Dieu a l’image et nous n’avons qu’un pixel. Comprendre cela facilite la tranquillité spirituelle et intellectuelle parce que le croyant comprend qu’en fin de compte, tout ce qui se passe dans le monde est en ligne avec une sagesse divine supérieure qui est basée sur la bonté divine supérieure. Refuser de l’accepter, c’est en fait là où le misothéiste tombe dans le bourbier de l’arrogance, de l’égocentrisme et, en fin de compte, du désespoir. Il a échoué l’épreuve, sa haine de Dieu lui a fait rejeté les faits montrant que Dieu est sage, miséricordieux et bon.

Hamza Tzortzis, extrait de The divine reality

Ce livre a été traduit par les éditions Ribat est est disponible à la boutique Al Bayyinah ici :